Bref historique
Lucens s’est développé à l’intersection de voies de communication historiques reliant la Suisse romande et la Suisse alémanique, ce qui en a fait un lieu stratégique dès l’Antiquité. Les premières traces d’occupation humaine dans la région remontent à l’époque gallo-romaine. Des fouilles archéologiques ont révélé la présence de villas romaines, attestant d’une activité agricole et artisanale florissante. Le nom «Lucens» pourrait dériver du latin lucius, lucens ou luciana villa, évoquant un domaine rural antique «brillant», «lumineux». Un soleil d’or arbore d’ailleurs les armoiries lucensoises.

C’est au Moyen Âge que Lucens gagne en importance et voit la construction de son château. Celui-ci est mentionné pour la première fois au XIII^e siècle. Érigé sur un éperon rocheux dominant la vallée de la Broye, cette forteresse militaire deviendra ensuite une résidence seigneuriale. Propriété des évêques de Lausanne, il incarne le symbole de leur autorité dans la région, avant d’être intégré aux possessions bernoises.

En 1536, la Réforme protestante marque un tournant majeur dans l’histoire lucensoise. Le Canton de Berne conquiert le Pays de Vaud, mettant fin à la souveraineté épiscopale. Les baillis qui se succèdent choisissent de résider au château. Si ces magistrats bernois organisent quelques brillantes réceptions, ils s’intéressent à la vie de la localité et créent notamment une école destinée aux enfants de la châtellenie en 1548, alors que le Pays de Vaud n’applique pas encore de système scolaire général. Et c’est au XVI^e siècle que le bailli Sébastien Darm fonde le tir des enfants qui se pratique encore chaque année le jour de l’Ascension. L’influence bernoise perdure jusqu’à la Révolution vaudoise de 1798.

Après l’indépendance vaudoise, en 1798, et l’entrée du Canton de Vaud dans la Confédération en 1803, Lucens s’inscrit dans un mouvement de modernisation. La création de la ligne ferroviaire Lausanne-Payerne contribue à l’essor économique de la localité. Le village devient un centre agricole et commercial important grâce à la production laitière, à la culture du tabac, et, plus particulièrement, aux nombreux ateliers de pierres fines. Cette industrie créée en 1862 par Louis-Edouard Junod prend un essor considérable et plusieurs autres fabriques s’implantent à leur tour. La dernière usine de pierres fines a fermé ses portes en 2017, alors que d’autres industries et commerces se sont implantés depuis.

Le Canton vend le château à des particuliers en 1801 qui devient dès lors propriété privée; il a notamment appartenu au fils du célèbre écrivain Sir Arthur Conan Doyle qui y a installé le musée ainsi que le salon de Sherlock Holmes et du Dr Watson. Le musée, toujours ouvert au public, a été déplacé dans une salle communale.

Lucens en fusion
Lucens s’agrandit non seulement au niveau de sa population mais également sur le plan de sa superficie. En 2011, la Commune d’Oulens-sur-Lucens avait manifesté sa volonté de rejoindre sa plus grande sœur et, en 2017, les communes de Brenles, Chesalles-sur-Moudon, Sarzens, Cremin, et Forel-sur-Lucens lui ont emboîté le pas. Cette année, la population de Curtilles a également plébiscité le rattachement à Lucens qui sera effectif dès janvier 2027. Dès lors, la superficie lucensoise passera de 6,27 km² en 2010 à 24,23 km² en 2027 et la population devrait atteindre près de 5’500 résidents. En effet, un important complexe comprenant cabinets médicaux, commerces, garderies et logements devrait émerger près de la gare.

Relevons que les localités fusionnées adoptent le nom de Lucens, mais conservent leurs particularités villageoises. Le collège municipal en est la preuve puisqu’il est composé de sept membres depuis la fusion de 2017 permettant d’une part la représentation des différentes localités qui composent Lucens, mais également un «étagement des âges» des conseillers municipaux; en effet, leur taux d’activité est ainsi mieux réparti (30% pour chacun des conseillers municipaux et 50% pour le syndic – taux théorique puisqu’à certaines périodes ces taux sont largement dépassés) ce qui permet que des élus qui travaillent puissent concilier vie professionnelle et activité municipale.

Enfin, notons qu’à l’instar des communes dernièrement fusionnées, Lucens voit sa législature prolongée jusqu’au 31 décembre 2026, avec des élections prévues en octobre de la même année.

Des infrastructures neuves et une auberge communale
Les travaux de modernisations de la ligne CFF Palézieux – Payerne ont pris fin après quatre mois de fermeture; ce qui garantit une plus grande stabilité des horaires et améliore la sécurité. Depuis l’entrée en vigueur de l’horaire 2025, Lucens bénéficie également de la prolongation de la ligne Car postal 361, Lucens – Moudon – Epalinges Croisettes, qui permet une connexion rapide avec le métro M2. Ces différentes modifications permettent à la Commune de Lucens de bénéficier d’une bonne desserte en transports publics grâce à une cadence CFF à trente minutes et quatre lignes de Car postal reliant les différentes localités.

Tandis que la réfection de la route de Payerne, conduisant à Curtilles, a débuté peu avant la rédaction de ces lignes, d’autres projets routiers d’envergure seront entrepris prochainement. Et, notons encore que la dernière fusion gratifie Lucens d’une auberge communale fraîchement rénovée, sise sur le territoire de Curtilles; cela élargit ainsi l’offre déjà attrayante de la restauration dans la région.

Le centre sportif permet aux jeunes de pouvoir pratiquer différentes activités telles que football, tennis ou gymnastique dans des infrastructures entièrement neuves. En effet, les terrains et bâtiments de celui-ci ont été entièrement rénovés entre 2019 et 2022.

Un projet de déchèterie agrandie
La déchèterie initialement proche de la station d’épuration a dû être déplacée à Curtilles en raison des travaux d’agrandissement et de modernisation de celle-ci. Lors des négociations relatives à la fusion avec la Commune de Curtilles, un accord a été trouvé entre les deux autorités municipales: c’est à cet endroit que le nouveau lieu de collecte verra le jour; bien évidemment, il conviendra d’agrandir la déchèterie existante afin de pouvoir répondre aux besoins de l’ensemble des habitants.

Enfin, mentionnons que la déchèterie de Lucens offre un nouveau service: celui de la récolte des matières plastiques; et cela en collaboration avec l’entreprise LEO, sise à Grandson, qui recycle directement ce qui lui est fourni. Ainsi, le plastique récolté n’est plus envoyé à l’étranger comme cela est le cas dans nombre d’endroits de collecte.