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Balade historique

Dans la Vevey du chocolat

26.03.2021 / FAO n° 25

Virée urbaine et insolite de moins d’une heure dans les pas des premiers petits artisans chocolatiers devenus des géants.

Dans la Vevey du chocolat
Vue gravée de l’usine Nestlé vers 1890 dans l’actuel quartier des Bosquets à Vevey. À l’arrière-plan, l’église Saint-Martin, joyau de l’art gothique finissant par lequel passe la balade.
Crédit photos: © Archives historiques Nestlé, Vevey

Tout a commencé dans le quartier des Bosquets, aujourd’hui en pleine mutation, au nord de la gare de Vevey. Au début du XIXe siècle, alors que la ville compte sept fabriques de chocolat et que les hautes cheminées fument à qui mieux mieux, c’est le quartier industriel par excellence: proche du canal de la Moneresse qui fournit aux usines leur force hydraulique, et des voies de chemin de fer reliant Vevey à l’arrière-pays, c’est-à-dire aux districts laitiers de la campagne vaudoise et fribourgeoise.  

Quelques pas pour nous, un grand bond pour le chocolat

Pour atteindre ce quartier historique, il faut quitter la gare vers le nord en tournant le dos au lac et rejoindre la chaussée de la Guinguette, parallèle au canal. Au no 10, s’élève un monumental bâtiment de verre et de métal construit par Nestlé en 2016. Prévu à l’origine comme un musée dédié à l’entreprise, il est aujourd’hui en reconversion pour abriter le siège mondial de Nespresso.

Sa toiture à sheds (clin d’œil moderne à l’architecture industrielle) vient recouvrir et protéger les bâtiments historiques de l’usine Nestlé, extensions de la première fabrique de 1843 située juste derrière. Si la société agroalimentaire ne se lance dans le chocolat qu’en 1905, c’est dans les années 1870 qu’elle se met à commercialiser sa farine lactée (1867) et le fameux lait condensé (1878) qui serviront à l’invention du chocolat au lait par un certain Daniel Peter (lire portrait page précédente), voisin de quelques mètres…

En passant presque tout de suite derrière le grand immeuble en béton, on gagne la rue des Bosquets qui tourne en épingle à droite et longe la forêt: c’est au no 14 que François-Louis Cailler y établit la première fabrique mécanisée de chocolat en 1840, dont les machines modernes serviront plus tard à Daniel Peter qui rachète l’usine pour y mener ses propres expériences chocolatières dès 1867 jusqu’à l’aboutissement du chocolat au lait en 1875, comme l’atteste une plaque sur la façade.

Quelques mètres plus loin, un sentier grimpe au milieu des arbres et conduit au bucolique plateau du cimetière Saint-Martin où reposent Daniel Peter et son épouse Fanny. Après avoir regagné le brouhaha urbain en descendant par le chemin de l’Espérance, une embardée à droite permet de faire un crochet par la rue de la Clergère où se trouve, au croisement avec l’avenue de Gare, la dernière fabrique veveysanne des Cailler qui a vu les premiers essais de chocolat au lait Cailler et les premiers pas d’Alexandre-Louis, qui déménagera l’usine à Broc en 1898.