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Échappée belle

Dans un jardin d’alpage du Pays-d’Enhaut

19.03.2021 / FAO n° 23

L’horticultrice Charlotte Landolt-Nardin nous parle du jardin à l’ancienne de son herboristerie de montagne, juchée sur les hauts de Rossinière.

Dans un jardin d’alpage du Pays-d’Enhaut
Le chalet du Jardin des Monts au printemps.
Crédit photos: © DR

Construit au milieu d’un pâturage par un Lucernois «venu se perdre» pour y vivre en pleine autarcie avec sa famille au milieu du XIXe siècle, l’immense chalet du Jardin des Monts est encore surnommé par les gens du village «l’arche de Noé».
Exactement entre deux couloirs d’avalanche, orienté plein sud et surplombant la vallée du Pays-d’Enhaut, il semble avoir été posé en équilibre au sommet de la falaise, à 1350 mètres, bucolique reliquat d’un déluge qui n’aurait épargné que lui et son jardin d’Eden : des terrasses séparées de murs en pierre sèche où l’on cultivait légumes et céréales, et que Charlotte Landolt-Nardin et son équipe ont restaurés patiemment il y a une dizaine d’années.
«Sur la vingtaine de terrasses retrouvées, on en a réhabilité cinq», soit 2000 m2 d’un jardin à l’ancienne de plantes médicinales et aromatiques, destinées à la confection de cosmétiques, d’infusions et de sirops, tous labellisés Bourgeon Bio.

Ici, «on écoute les Anciens» et les plantations se font début juin, après les saints de glace. Si le jardin est au sommet de sa luxuriance entre fin juin et fin septembre, il possède un charme indéniable au printemps où, dès la fin mai, les paillages dorés servent de lit aux premières pousses, et où noisetiers, primevères officinales éclatantes, bois-jolis mauves au parfum magique et narcisses blancs éclosent en toute sauvagerie. Sans compter les premiers edelweiss, cultivés ici en maître pour les baumes et crèmes aux vertus anti-âge.

Pour venir flâner librement dans ce paradis déconnecté de tout, «ça se mérite», prévient avec chaleur Charlotte Landolt. Au départ de la gare de Rossinière, c’est 1h30 de marche sur un chemin raide et ensoleillé qui longe un ruisseau, en direction de la Pointe de Cray ; en voiture, on raccourcit la balade sportive à trente minutes. Dans ce jardin où «l’on prend le temps de cueillir les fleurs pour qu’elles donnent le meilleur d’elles-mêmes», c’est aussi le jour que l’on cueille, «dans le respect de la terre et des Anciens». Carpe diem.