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Enjeux

27 septembre: sans ouverture, la reprise est impossible

04.09.2020 / FAO n° 71

27 septembre: sans ouverture, la reprise est impossible
Afin d’illustrer son opposition à l’initiative dite de limitation et son soutien à la formation professionnelle, le Conseil d’État s’est rendu dans l’ébénisterie-menuiserie Wider à Clarens, qui forme 14 apprenties et apprentis, dégage 70 mios de chiffre d’affaires, dont 12 à l’exportation.
Crédit photos: ARC Jean-Bernard Sieber

Le Conseil d’État appelle au rejet de l’initiative populaire « Pour une immigration modérée » (initiative de limitation), soumise au vote le 27 septembre. Elle vise à abolir l’accord de libre circulation des personnes. Cette suppression entraînerait la chute des accords bilatéraux négociés avec l’Union européenne, qui offrent à la Suisse un accès privilégié au marché intérieur de l’UE. Cette voie a largement fait ses preuves, contribuant à la santé économique du canton.
La santé économique et le relativement faible taux de chômage actuel permettent d’appréhender avec une certaine confiance le défi posé par la crise sanitaire mondiale et ses lourdes conséquences sur l’emploi et la population. Pour le Conseil d’État, l’acceptation de l’initiative ajouterait au pire moment une forte dose d’instabilité et d’incertitude. Tourner le dos à nos voisins et imposer de nouveaux obstacles techniques et administratifs mettrait en péril le redémarrage de l’économie vaudoise, qui repose essentiellement sur ses échanges avec l’Europe.
Pour nombre d’entreprises, la fin de la libre circulation renforcerait leur difficulté à recruter du personnel. Or, les besoins de main-d’œuvre s’accentueront particulièrement ces prochaines années avec le départ à la retraite des baby-boomers, sans parler des besoins en personnel de santé liés à la gestion de la crise sanitaire. Dans ce contexte, le Conseil d’État a pris des mesures pour renforcer la formation professionnelle, notamment par une aide aux apprentis et aux entreprises formatrices ; mais ces mesures ne compensent pas le manque inévitable de main-d’œuvre en cas d’abandon de la libre circulation. Effet pervers de l’initiative : un tel abandon mettrait en grande difficulté des entreprises précisément engagées dans la formation professionnelle.
Par ailleurs, afin de protéger les travailleurs contre les risques de sous-enchère salariale ou d’autres abus, le canton de Vaud applique des mesures d’accompagnement strictes. Elles permettent également aux employeurs de se défendre contre la concurrence déloyale et sont liées politiquement et juridiquement à la libre circulation des personnes. Y mettre fin aurait ainsi des conséquences négatives sur la protection salariale et sociale de l’ensemble des actifs.
Enfin, le Canton a beaucoup investi dans la formation, la recherche et l’innovation en misant sur la qualité et les réseaux des Hautes Écoles (EPFL, UNIL, HES). Un oui à l’initiative exclurait ces institutions des échanges européens indissociables de la recherche scientifique. La participation active de la Suisse aux programmes européens de recherche et de mobilité des étudiants est en effet primordiale dans un canton dont la prospérité doit tant à l’économie du savoir et à son niveau d’excellence.