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La nature dans nos villes

13.11.2020 / FAO n° 91

Comme en témoigne l’exemple florissant de Zurich qui héberge deux fois plus d’espèces végétales qu’une région agricole et forestière, nature et bitume semblent faire bon ménage. Et chez nous?

La nature dans nos villes
Nature et bitume ne sont pas incompatibles.
Crédit photos: Benoît Renevey / Ville de Lausanne

«Un jour de canicule, un seul arbre en ville rafraîchit la température autant que dix systèmes de climatisation». Ce constat émane de VilleVerte Suisse, label porté par l’Union Suisse des Parcs et Promenades (USSP) et soutenu par l’Office fédéral de l’environnement. Depuis 2016, il sensibilise la population comme les politiques à l’importance du «vert urbain». Car, que ce soit pour réduire l’anxiété, emprisonner les gaz d’échappement, atténuer les effets du réchauffement climatique en évitant les ilots de chaleur ou développer la biodiversité, les espaces verts et les zones humides dont ils dépendent améliorent sensiblement notre qualité de vie.
La commune vaudoise d’Ecublens, labellisée VilleVerte en 2018, a fait figure de pionnière en Suisse romande en répondant aux 60 mesures destinées à garantir une gestion des espaces verts durable. Suivie en 2019 par la ville de Morges, elle sera bientôt rejointe par Lausanne, Renens, Vevey et La Tour-de-Peilz, en cours de certification. «Cela témoigne d’un intérêt croissant des communes vaudoises pour le sujet» se réjouit Elodie Cachelin, responsable promotion nature en ville à la Division biodiversité et paysage de la Direction générale de l’environnement.

 

Espaces publics au vert

Premier cheval de bataille dans les espaces publics: la gestion différenciée des espaces verts, «c’est-à-dire l’adaptation de l’entretien en fonction du type de surface, de l’usage que l’on en fait et des intérêts écologiques et paysagers» précise Elodie Cachelin. Si l’on continue à tondre à l’anglaise certaines surfaces destinées aux loisirs ou au sport, d’autres zones peu fréquentées (comme des bordures de route, des cimetières ou des parcs) sont fauchées plus tardivement et moins fréquemment, permettant ainsi de faire émerger en pleine ville des petites niches écologiques, cruciales pour la préservation de la biodiversité.
Nettement plus difficile à mettre en œuvre, l’éradication des espèces exotiques envahissantes — dont les plus connues sont la laurelle ou le buddleia — ou la gestion des arbres remarquables qu’il convient de protéger et de sécuriser. «Si les communes sont responsables de la gestion de leur patrimoine arboré, nous sommes amenés à soutenir de plus vastes projets et contribuer à la sensibilisation de la population sur ces questions épineuses», explique Elodie Cachelin qui évoque les cours gratuits et thématiques que le Canton propose depuis 2018 aux élus et au personnel technique des communes. «Dans le cours sur les espèces exotiques envahissantes, on apprend par exemple qu’il convient de prioriser les actions en ciblant les lieux où elles posent le plus de problèmes, que ce soit sous l’angle de la sécurité ou de biodiversité.»

 

Construire ensemble la ville de demain

«Depuis quelques années, on note une évolution dans la manière qu’ont les communes d’appréhender cette problématique en impliquant davantage leurs citoyens», note Elodie Cachelin. Car au-delà de l’espace public, ce sont bien les surfaces en mains privées qui sont majoritaires… Pionnière depuis 2015 avec les toits végétalisés qu’elle subventionne, la Ville de Lausanne a publié «Pourquoi et comment accueillir la nature sur son toit?», une brochure didactique rééditée en 2019 qui évoque le potentiel de la capitale olympique avec ses plus de 2000 toitures plates. À Nyon, c’est un guide technique de recommandations pour «Aménager en favorisant la biodiversité» qui est paru en 2018.
Encouragés par les communes, le Canton ou diverses associations, les habitants sont invités à intégrer la nature au bâti, à accueillir la petite flore et la petite faune dans leurs logis: de la lézarde du mur où la cymbalaire peut s’épanouir au nichoir aménagé sous un toit, pour l’hirondelle de fenêtre ou le martinet noir, en passant par la cavité arboricole où pourra nicher la méconnue chauve-souris, ou le balcon arboré d’odorantes plantes indigènes riches en nectar pour que les papillons viennent butiner…
On le voit, renaturer la ville, cela veut aussi dire accorder plus de place à de nouveaux habitants comme les bénéfiques chauves-souris (qui dévorent quelque 3000 moustiques par nuit) ou les adorables hérissons, insectivores aimés des jardiniers. «Nous devons mener une vraie réflexion sur la cohabitation humain/nature, insiste Elodie Cachelin. Et une meilleure information est nécessaire pour redonner à la nature la place qu’elle mérite et dont nous avons besoin pour notre qualité de vie.»

Grand bol d’air en ville: quelques idées de balades


À Lausanne, toiture combinant végétalisation et pose de panneaux solaires.
Crédit photos: Benoît Renevey / Ville de Lausanne

Six balades nature en ville:

avec votre smartphone, découvrez la biodiversité au cœur de Nyon (www.nyon.ch/nature-ville)

 

Parcours Biodivercity:

arpentez Yverdon-les-Bains grâce à des panneaux didactiques sur les multiples mesures vertes mises en place par la ville (www.yverdon-les-bains.ch)

 

Sauvageons en ville!

Inscrivez-vous pour des balades commentées aux thèmes variés, citoyennes et insolites sur la biodiversité à Lausanne (www.sauvageons-en-ville.ch)